Prix littéraires
Prix Médicis
Prix Médicis
08/11/2022
Farah, adolescente, a toujours connu L’Église de la Treizième Heure pour la bonne raison que Lenny, son
père, en est le fondateur. Elle vit en communauté dans cette Église millénariste un peu spéciale : féministe, queer,
animaliste. On y récite Nerval ou Rimbaud. Lenny rassemble ses ouailles autour de messes poétiques et d’ateliers
de déparasitage psychique. La Treizième Heure, c’est aussi l’heure de la révélation, du déclenchement merveilleux,
le moment où le monde basculera dans un état apaisé, le triomphe des pauvres, des dominés, des humiliés. Les
membres de la communauté l’espèrent d’autant plus qu’ils sont fragiles, angoissés devant les menaces qui pèsent
sur la planète : épidémies, guerres, réchauffement climatique… Leader incontesté des « treiziémistes », Lenny élève
seul sa fille Farah. Hind, son grand amour, l’ayant abandonné à la naissance du bébé.
Le roman se divise en trois parties, racontées par chacun des membres de cette famille à la fois déglinguée
et très contemporaine. Farah, née intersexuée, est d’abord inconditionnelle de son père, acquise à sa cause
délirante, mais devient plus critique en grandissant : son père lui a menti sur sa filiation. En menant l’enquête, elle
comprend qu’elle n’avait pas une mère mais deux ! Hind et Sophie. Comment est-ce possible ? Lenny prend la
parole ensuite. Il raconte deux coups de foudre successifs : la poésie d’abord, Hind ensuite. Mais on s’aperçoit que
les deux ne font qu’une : Hind est une chimère, une illumination, une fée baudelairienne. Lenny fondera l’Église de
la Treizième Heure après le départ de son amour. La troisième partie est donc celle de Hind. Femme trans d’origine
algérienne, elle avoue l’histoire violente de son parcours pour gagner sa liberté sexuelle et individuelle. Elle a aimé
Lenny et voulu un enfant de lui, mais quittera Lenny et Farah pour vivre une passion amoureuse vouée à l’échec.
La Treizième Heure est un roman millénariste ultra contemporain, inspiré par les bouleversements d’identité
et de genre, et traversé par nos angoisses de fin du monde comme par notre espoir d’un ordre social plus juste.